Vendredi 16 octobre 2015 : le Premier Ministre Manuel VALLS inaugure le Mémorial du camp de Rivesaltes

16/10/2015 09:17

Vendredi 16 octobre 2015, le Premier Ministre Manuel VALLS inaugure le Mémorial du camp de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales. Le chef du gouvernement sera accompagné du secrétaire d'Eat aux anciens combattants Jean-Marc TODESCHINI.

A l'occasion de cette inauguration officielle à Rivesaltes, la prise de parole de Manuel VALLS sera l'occasion de saluer la mémoire des différentes victimes des politiques d'internement à Rivesaltes initiées à partir de la fin des années 30. A cette fin, le Premier ministre déposera une gerbe devant chacune des stèles présentes à l'entrée du site du camp Joffre.

Cette inauguration consacre l'achèvement d'un projet initiée au début des années 2000 par le regretté Christian BOURQUIN, alors président du conseil général des Pyrénées-Orientales et père du projet de Mémorial du camp de Rivesaltes.

 

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Entretien

Christian BOURQUIN : "Ce mémorial sera probablement un des tous premiers lieux de mémoire en France à évoquer le drame des harkis"

En mars 2004, Christian BOURQUIN rencontrait le président du Comité Harkis et Vérité pour lui présenter le projet. Il avait alors accordé un entretien à Charles TAMAZOUNT et que nous publions à nouveau aujourd'hui pour rendre hommage à la mémoire du père du projet de mémorial du camp de Rivesaltes, Christian BOURQUIN, qui nous a quitté le 26 août 2014.

 

Harkis et Vérité: Monsieur le Président, beaucoup de familles de harkis connaissent le département des Pyrénées Orientales à travers Rivesaltes. Un de vos objectifs à la tête du Conseil Général des Pyrénées Orientales est de faire de  l'ancien camp de Rivesaltes, un lieu de mémoire. Où en est ce projet actuellement ?

Christian BOURQUIN : Le projet de Mémorial historique de Rivesaltes suit son cours et a fait ces dernières semaines une avancée considérable dans la définition même  des espaces, la scénographie retenue…. Le comité de pilotage présidé par l'historien Denis Peschanski se réunit régulièrement en présence des responsables de l'agence Jean Saint-Brice retenue pour conduire la réalisation de ce projet. Dès 2006, il y a aura finalisation et inauguration de ce mémorial. Je vous rappelle que celui-ci sera le plus important lieu de mémoire au sud de la France, dédié à tous les "indésirables du Xxè siècle.

Je suis très attentif à la conduite de ce projet qui, comme vous le savez, me tiens particulièrement à cœur et ce depuis mon arrivée au Conseil Général et mon élection à sa présidence. La gestation d'un tel mémorial est forcément longue… Les très vives inquiétudes provoquées par l'État qui voulait construire à proximité du camp Joffre un centre de rétention sont levées… rien désormais ne devrait entraver le planning de réalisation du Mémorial.

 

Harkis et Vérité : Aujourd'hui, pour l'ensemble de nos concitoyens, une politique de la mémoire harkie apparaît comme nécessaire pour redonner toute sa place à une histoire trop longtemps occultée. La construction de ce mémorial à Rivesaltes est le premier grand projet de politique de mémoire menée par une collectivité locale. Pouvez-vous dire qu'avec ce projet de mémorial, le devoir de mémoire à l'égard du drame des harkis devient réalité ?

Christian BOURQUIN : Dans la démarche qui est la nôtre de préservation de bâtiments de l'ancien camp Joffre et de création d'un site permettant tout à la fois le recueillement et "la pédagogie" ; le devoir de mémoire est au cœur de notre action… Oui, il est nécessaire d'honorer les anciens, dont les harkis, qui ont souffert ou sont morts, pour leurs idéaux, pour les choix qu'ils ont osé faire ou parce que leur confession, leur origine ethnique n'avaient pas l'heur de plaire… Oui, il est nécessaire de montrer aux générations suivantes, les monstruosités auxquelles cela a conduit durant ce XX ème siècle… Si ce travail -que j'appelle « de pédagogie »- pouvait contribuer, par la prise de conscience des plus jeunes, à ce que l'histoire ne puisse jamais se répéter, il y aurait bien évidemment lieu d'être plus que satisfait d'un tel « passage de relais » entre générations...

Harkis et Vérité : L'histoire des harkis et de leurs enfants fut douloureuse. Comme vous nous l'avez rappelé, votre département se mobilise pour le devoir de mémoire. Toutefois, si vous aviez un message à adresser aux harkis, quel serait-il ?

Christian BOURQUIN : Les harkis ont malheureusement représentés ensemble une des  communautés qui a transité par le camp Joffre. Ce fait indéniable justifie à lui seul que les harkis aient au sein du mémorial des espaces qui leurs soient entièrement consacrés, qu'une scénographie spécifique de leur histoire particulière soit pensée et créée afin qu'elle ne sombre jamais dans l'oubli. Retracer cette histoire, qui vous avez raison, a été trop longtemps occultée, fait partie de nos préoccupations et de notre devoir collectif de mémoire. Oui ce site sera probablement un des tous premiers lieux de mémoire en France, si ce n'est le premier, a évoquer leur drame.

Si je suis autorisé à adresser un message aux harkis, c'est avant tout pour leur dire que même si l'action de la collectivité territoriale que je représente, ne comblera pas les attentes qui subsistent à l'égard d'une république qu'ils ont servie, notre action doit contribuer ici à dessiner notre avenir commun. Je fais partie de ceux qui sont convaincus que le développement durable d'un territoire ne peut se faire sans prendre en compte des valeurs de fraternité, de solidarité, sans reconnaître la richesse que représente la présence de personnes autrefois étrangères à ce pays catalan et qui en deviennent des acteurs, quand ce n'est de véritables ambassadeurs…¢

Propos recueillis par Ch. TAMAZOUNT 

 Photos du camp de Rivesaltes  Crédits Michel JAUZAC