Aprés le 25 septembre 2012, un sénateur persiste et signe avec les harkis
Le 4 octobre 2012, soit quelques jours après le 25 septembre 2012, le sénateur des Pyrénées-Orientales et président de la région Languedoc-Roussillon Christian BOURQUIN a pris l'initiative de s'engager dans une démarche d'interpellation du Gouvernement sur les attentes des familles de harkis, notamment ce qui concerne la réforme de la MIR qui tarde à être engagée et sur la reconnaissance de la responsabilité des gouvernants de 1962 dans l'abandon, les massacres de harkis et dans les conditions d'accueil des familles rescapées dans des camps en France.
Au sein de la Haute assemblée, ce sénateur proche du Parti socialiste a donc souhaité interpeller "le ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants, sur le souhait des familles de harkis de voir la Mission interministérielle aux rapatriés ainsi que le Haut Conseil des rapatriés réformés et mis au service d'une solidarité renforcée. En outre, elles caressent l'espoir de voir reconnues publiquement les responsabilités des gouvernements dans l'abandon des harkis, dans le massacre de ceux qui sont restés en Algérie et enfin dans le caractère épouvantable des conditions d'accueil faites à ceux transférés dans les camps en France. Il lui demande en conséquence quelles suites il entend réserver à ces différentes demandes, chacune d'entre elles ayant été évoquée durant les deux dernières campagnes électorales et fait l'objet d'engagements forts".
Le sénateur BOURQUIN persiste et signe pour la reconnaissance de la responsabilité des gouvernants de 1962 dans le drame des harkis. Mais cette reconnaissance reste donc à conquérir après le 25 septembre 2012.
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Christian BOURQUIN, initiateur du mémorial du camp de Rivesaltes
Christian BOURQUIN connaît bien le drame des harkis. Et c'est sa bonne connaissance du dossier qui a conduit cet élu de gauche des Pyrénées-Orientales a s'investir au début des années 2000 en qualité de président du Conseil général des Pyrénées-Orientales dans le projet de construction d'un mémorial sur le site du camp Joffre à Rivesaltes.
En 2004, Christian BOURQUIN s'était exprimé longuement sur ce projet dans le cadre d'un entretien accordé au site www.harkisetverite.info. Nous reproduisons le texte de cet entretien ci-aprés :
Le socialiste Christian BOURQUIN défend la mémoire des harkis dans les Pyrénées Orientale à Rivesaltes
Harkis et Vérité, le 20 mars 2004
Un mémorial va voir le jour sur le site du camp de Rivesaltes. Son président, le socialiste Christian BOURQUIN, a bien voulu accordé un entretien à « Harkis et Vérité » pour évoquer le travail de sa collectivité dans ce projet de mémorial pour les victimes ayant transité par le camp de Rivesaltes.
Harkis et Vérité: Monsieur le Président, beaucoup de familles de harkis connaissent le département des Pyrénées Orientales à travers Rivesaltes. Un de vos objectifs à la tête du Conseil Général des Pyrénées Orientales est de faire de l'ancien camp de Rivesaltes, un lieu de mémoire. Où en est ce projet actuellement ?
Christian BOURQUIN : Le projet de Mémorial historique de Rivesaltes suit son cours et a fait ces dernières semaines une avancée considérable dans la définition même des espaces, la scénographie retenue…. Le comité de pilotage présidé par l'historien Denis Peschanski se réunit régulièrement en présence des responsables de l'agence Jean Saint-Brice retenue pour conduire la réalisation de ce projet. Dès 2006, il y a aura finalisation et inauguration de ce mémorial. Je vous rappelle que celui-ci sera le plus important lieu de mémoire au sud de la France, dédié à tous les "indésirables du Xxè siècle.
Je suis très attentif à la conduite de ce projet qui, comme vous le savez, me tiens particulièrement à cœur et ce depuis mon arrivée au Conseil Général et mon élection à sa présidence. La gestation d'un tel mémorial est forcément longue… Les très vives inquiétudes provoquées par l'État qui voulait construire à proximité du camp Joffre un centre de rétention sont levées… rien désormais ne devrait entraver le planning de réalisation du Mémorial.
Harkis et Vérité : Aujourd'hui, pour l'ensemble de nos concitoyens, une politique de la mémoire harkie apparaît comme nécessaire pour redonner toute sa place à une histoire trop longtemps occultée. La construction de ce mémorial à Rivesaltes est le premier grand projet de politique de mémoire menée par une collectivité locale. Pouvez-vous dire qu'avec ce projet de mémorial, le devoir de mémoire à l'égard du drame des harkis devient réalité ?
Christian BOURQUIN : Dans la démarche qui est la nôtre de préservation de bâtiments de l'ancien camp Joffre et de création d'un site
permettant tout à la fois le recueillement et "la pédagogie" ; le devoir de mémoire est au cœur de notre action… Oui, il est nécessaire d'honorer les anciens, dont les harkis, qui ont souffert ou sont morts, pour leurs idéaux, pour les choix qu'ils ont osé faire ou parce que leur confession, leur origine ethnique n'avaient pas l'heur de plaire… Oui, il est nécessaire de montrer aux générations suivantes, les monstruosités auxquelles cela a conduit durant ce XX ème siècle… Si ce travail -que j'appelle « de pédagogie »- pouvait contribuer, par la prise de conscience des plus jeunes, à ce que l'histoire ne puisse jamais se répéter, il y aurait bien évidemment lieu d'être plus que satisfait d'un tel « passage de relais » entre générations...
Harkis et Vérité : L'histoire des harkis et de leurs enfants fut douloureuse. Comme vous nous l'avez rappelé, votre département se mobilise pour le devoir de mémoire. Toutefois, si vous aviez un message à adresser aux harkis, quel serait-il ?
Christian BOURQUIN : Les harkis ont malheureusement représentés ensemble une des communautés qui a transité par le camp Joffre. Ce fait indéniable justifie à lui seul que les harkis aient au sein du mémorial des espaces qui leurs soient entièrement consacrés, qu'une scénographie spécifique de leur histoire particulière soit pensée et créée afin qu'elle ne sombre jamais dans l'oubli. Retracer cette histoire, qui vous avez raison, a été trop longtemps occultée, fait partie de nos préoccupations et de notre devoir collectif de mémoire. Oui ce site sera probablement un des tous premiers lieux de mémoire en France, si ce n'est le premier, a évoquer leur drame.
Si je suis autorisé à adresser un message aux harkis, c'est avant tout pour leur dire que même si l'action de la collectivité territoriale que je représente, ne comblera pas les attentes qui subsistent à l'égard d'une république qu'ils ont servie, notre action doit contribuer ici à dessiner notre avenir commun. Je fais partie de ceux qui sont convaincus que le développement durable d'un territoire ne peut se faire sans prendre en compte des valeurs de fraternité, de solidarité, sans reconnaître la richesse que représente la présence de personnes autrefois étrangères à ce pays catalan et qui en deviennent des acteurs, quand ce n'est de véritables ambassadeurs…¢
Propos recueillis par Charles TAMAZOUNT
Photos du camp de Rivesaltes Crédits Michel JAUZAC