Avec le 19 mars, l'UMP se reconstruit une virginité chez les harkis et les rapatriés
Hier dans la majorité, aujourd'hui dans l'opposition. Pour espérer redevenir un jour majoritaire dans le pays, l'UMP entend aujourd'hui se reconstruire dans l'opposition. Pour se faire, la principale formation politique de la droite entend renouer avec les électorats qui lui ont toujours été traditionnellement acquis. Il en va ainsi de l'électorat des familles de harkis comme celui de la grande famille des rapatriés d'Algérie.
Toujours est il que l'UMP n'a toujours pas digéré que cet électorat lui fasse massivement défaut lors des derniers scrutins au profit du désormais président de la République François HOLLANDE.
Depuis le 6 mai dernier, la droite s'est engagée sur le dossier des harkis et des rapatriés dans un véritable travail d'opposition, quitte à prendre même ses distances avec le bilan présidentiel de Nicolas SARKOZY.
Ainsi, dans le cadre des questions écrites posées ces derniers temps au Sénat et à l'Assemblée Nationale, les parlementaires de l'UMP n'ont pas hésité à s'engager dans une opposition constructive en revendiquant la mise en oeuvre rapide des engagements du président de la République François HOLLANDE.
En ce sens, des parlementaires UMP ont exigé la mise en chantier immédiate de la réforme de la Mission interministérielle aux rapatriés. D'autres ont été jusqu'à revendiquer la remise à plat de la fondation pour la mémoire de la Guerre d'Algérie, des combats du Maroc et de la Tunisie, fondation pourtant configurée et mise en place par la précédente majorité.
Reste que le travail d'opposition de l'UMP a pris une nouvelle tournure depuis le récent débat sur l'adoption prochaine au Sénat de la proposition relative au 19 mars. Avec cette affaire du 19 mars, il ne s'agit plus aujourd'hui pour l'UMP de mener un travail classique d'opposition. Mais bien au contraire, l'enjeu pour l'UMP est désormais de se saisir de cette affaire du 19 mars, au demeurant difficilement gérée par l'actuelle majorité, pour se refaire une virginité auprés de l'électorat harki et rapatrié.
Ainsi, dernièrement, la députée UMP de Marseille Valérie BOYER n'a pas hésité à interpeller fermement le ministre Kader ARIF sur cette affaire du 19 mars : "À l'heure où se prépare dans les rangs des parlementaires de gauche le projet d'instituer le 19 mars comme date officielle d'hommage en lieu et place du 5 décembre, il est tout à fait essentiel de rappeler un certain nombre de faits historiques et dramatiques. Les historiens l'ont établi : la guerre d'Algérie ne s'est pas terminée le 19 mars 1962. Après cette date, près de 100 000 harkis et membres de leurs familles ont été massacrés, plusieurs centaines de soldats français tués ou blessés, des milliers d'Européens assassinés ou disparus à jamais. Aussi, en plus de faire la démonstration d'une grave méconnaissance des faits historiques, l'intention de la majorité socialiste de célébrer le 19 mars comme journée nationale d'hommage est particulièrement choquante. Comment peuvent-ils occulter les massacres d'Oran qui ont fait des milliers de morts ? La date du 5 décembre correspond, quant à elle, à l'inauguration du monument national érigé en 2003, quai Branly à Paris, à la mémoire de tous les soldats morts en Algérie de 1952 à 1962. La date du 5 décembre pour commémorer l'hommage aux morts pour la France durant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie a été retenue par l'État français après une longue concertation avec les associations d'anciens combattants et de Français rapatriés qui ont toutes, à deux exceptions près, rejeté la date du 19 mars 1962, début du massacre de plus de 100 000 harkis et de leurs familles et de milliers d'assassinats et d'enlèvements de civils européens et de militaires français. Cette date neutre du 5 décembre a été voulue pour clore définitivement le débat sur la date du 19 mars. Aujourd'hui, pourtant, près de 50 ans après ces évènements dramatiques, les parlementaires de gauche veulent rouvrir ce débat. En faisant cela, ils rouvriront les plaies des nombreuses familles qui ont eu à déplorer la mort d'un être cher, ils raviveront les douloureux souvenirs, ils bafouent les lois de la République".
En toute logique, la droite parlementaire au Sénat se mobilisera le jeudi 8 novembre prochain contre cette proposition de loi relative au 19 mars. Le moment venu, elle votera contre. Logique.
Actuellement, l'UMP épouse et accompagne le mouvement de colère qu'exprime ici ou là les représentants des associations de harkis et de rapatriés. Pour galvaniser les troupes et donner des gages de sérieux sur son travail d'opposition au Sénat, le groupe UMP a dors et déjà annoncé son intention de saisir le Conseil constitutionnel si la proposition de loi sur le 19 mars venait à être adoptée. Si la loi venait à être adoptée, le Conseil constitutionnel sera-t-il finalement saisi ? On verra bien.
Toujours est il que cette affaire du 19 mars atteste d'un morcellement continu de la mémoire de la Guerre d'Algérie en plusieurs mémoires.
Le 19 mars est aujourd'hui une date revendiquée par une mémoire particulière de la guerre d'Algérie. Le 5 décembre est célébré par une autre mémoire de la guerre d'Algérie. Enfin, les harkis revendiquent désormais la date du 12 mai 1962 pour commémorer leur drame.
A la lumière de l'ensemble de ces éléments, si le 19 mars était adopté, il ne serait pas illégitime demain pour les familles de harkis de revendiquer une reconnaissance similaire pour la date 12 mai 1962. Encore faudrait-il que les harkis et leurs familles s'approprient pleinement leur mémoire et persistent en ce sens au cours des prochains années... A suivre...
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La proposition de loi sur le 19 mars est-elle contraire à la Constitution ?
Le débat sur la confirmité au texte de la Constitution de la proposition de loi relative au 19 mars a été ouvert dernièrement par la sénatrice UMP GARRIAUD-MAYLAM. Cette dernière a été mandaté par le groupe UMP pour défendre le 8 novembre prochain à la tribune du Sénat une motion d'irrécevabilité contre cette proposition de loi.
Pour cette sénatrice UMP, le texte qui est soumis au Sénat est non-conforme à la Constitution. D'après le journal Le Figaro, si la proposition de loi venait à être adoptée par la majorité socialiste au Sénat, les arguments developpés par cette sénatrice de l'opposition dans le cadre d'une motion d'irrecevabilté devrait servir de base au texte d'une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel.