Etat des lieux à l'issue de la Journée nationale d'information sur les engagements du 5 avril 2012
Samedi 9 novembre 2013, les familles de harkis et le tissu associatif de la communauté harkie ont pris part aux travaux de la Journée nationale d'information sur les engagements du 5 avril 2012. Plusieurs contributions aux débats et initiatives d'information ont été déposées par des responsables associatifs, tout comme par de simples citoyens.
Une première synthèse a été versée aux débats de la Journée notamment lors de l'atelier-débat organisé par le Collectif en Ile-de-France, et plus précisément à Paris.
Pour un certain nombre de participants, force est de constater qu'il est désormais impératif de mieux s'organiser aujourd'hui si les familles de harkis souhaitent être enfin entendues demain. Il a notamment été regretté que la réunion prochaine convoquée au ministère chargé des anciens combattants avec des représentants de la communauté harkie soit organisée dans la plus grande opacité. "Quand le ministre des anciens combattants ne cesse de déclarer publiquement qu'il dialogue avec les associations de la communauté harkie... Qu'il nous dise qui sont ces associations avec qui il travaille ! Que ces présidents d'associations prennent leurs responsabilités au grand jour" a hurlé de colère un enfant de harki au cours des débats de cette journée d'information du 9 novembre 2013.
En outre, beaucoup de ceux qui ont souhaité réagir à l'occasion de cette journée ont salué la formidable mobilisation que suscite depuis plusieurs semaines le Manifeste pour le respect des engagements du 5 avril 2012.
Tous les participants ont convenu que la réintroduction du statut colonial et religieux des harkis dans le droit français est inaceptable cinquante ans aprés la période de décolonisation. Et qu'il est par ailleurs souhaitable que la communauté harkie tire la cruelle leçon de cette fameuse affaire de la réintroduction du vieux statut colonial et religieux par l'article 33 du projet de loi de programmation militaire. Les avancées en terme de droits, que finissent par obtenir celles et ceux qui se battent sur le terrain, ne profitent et ne profiteront désormais pas nécessairement et automatiquement à ceux qui attendent traquillement chez eux. En ce sens, sur les 15 000 familles de harkis qui attendent leurs droits depuis les décisions du Conseil d'Etat et du Conseil constitutionnel, seules celles qui se sont battues avec le Comité Harkis et Vérité ont pu avoir l'espoir d'obtenir leurs droits. Pour les autres, aprés l'adoption de l'article 33 du projet de loi de programmation militaire, les portes du bénéfice de combat associatif et juridique se refermeront sans possibilité d'obtenir gain de cause par la suite. Il en sera de même demain pour les prochaines avancées qu'obtiendront celles et ceux qui se battent au quotidien en faveur de la reconnaissance de la responsabilité des gouvernants dans le drame des familles de harkis... En somme, la morale qu'il convient de tirer de cet article 33, c'est que désormais, toute famille de harki qui souhaiterait demain avoir l'assurance d'aboutir dans une démarche en rapport avec le drame des harkis devra s'appuyer sur du sérieux associatif.
En ce qui concerne le devenir de l'administration chargée des rapatriés, les participants ont également convenu que François HOLLANDE s'était engagé à réformer la MIR et non pas à fermer l'administration spécifique aux harkis et aux rapatriés.
Enfin, il ressort des travaux de cette Journée nationale d'information sur les engagements du 5 avril 2012 une conclusion qui fait consensus : la colère et le désespoir qui s'est aujourd'hui installé dans la communauté procède du fossé entre les engagements pris le 5 avril 2012 par François HOLLANDE et l'absence de toute politique réellement sérieuse à mener par le ministère des anciens combattants à destination des familles de harkis.
A l'occasion de cette Journée nationale d'information sur les engagements du 5 avril 2012, le mot de la fin a été laissé à une fille de harki de Bretagne, Fatima AMMEUT, qui a livré un émouvant témoignage dans le cadre de sa contribution à cette journée :
Contribution de Fatima AMMEUT :
Fille de harkis, je connais de mon histoire seulement que nous sommes arrivés en France le 9 juin 1962. Où ? Mystère. Puis dans un ordre que je connais pas puisque j'avais cinq mois et demi, Beaurières, Largentière et le larzac.
Cela jusqu'en aout 1964 où ma famille est arrivée pour des raisons que j'ignore à Sallaumines au "camp du marais " dans le pas de calais (62).
Je suis allée il y a quelque année à Beaurières, je n'ai rien trouvé, un courrier à la mairie et un courrier de la fille du maire de l'époquee qui se souvenait de ma famille.
J'ai fais de nombreuses démarches auprès de l'armée. Juste pour savoir ce qui et comment cela s'était passé pour nous à notre arrivée.
Un courrier froid et administratif m'a indiqué qu'il n'y avait rien, juste des dates, comme si nous n'avions jamais existé.
J'habitais dans le Nord de la France à Lille où je m'étais investie dans une association d'enfant de Harkis pendant quelque temps et me suis installée en Bretagne en décembre 2012.
Mon père est mort de maladie le 4 novembre 2012 à 78 ans en France. Et si j'ai pu l'accompagner jusqu'à la fin, je n'ai pu aller me recueillir sur sa tombe. Il est entérré à Nédroma. Ma mère est décédée en Algérie à Tlemcen en aout 2010 après avoir été envoyé là bas sur la seule décision de ma sœur ainée. Et sans que je sache où et chez qui elle était, ni qui était à son chevet dans cette fin de vie. Elle avait 96 ans. Une personne que je ne connais pas a fait la déclaration de son décés.
Cet exil et ce traitement du pays pour lequel notre père a sacrifié son existence a fait complètement explosé notre famille et ces décés ont renforcé cette explosion.
Je souhaite,d'une part, pouvoir m'investir à nouveau dans mon, notre histoire et poursuivre mes recherches concernant ces racines qui ont été coupée sans état d'âme par mon pays, qui est aussi la France. D'autre part, il est important pour moi de pouvoir reconstruire des morceaux de cete histoire éparse. Je vous remercie à tous pour votre attention.
Fatima AMMEUT
Fille de harkis (Bretagne)
Vous avez la parole :
Vous pouvez prendre part à la Journée nationale d'information du 9 novembre 2013 :
* En déposant une contribution au débat sur le respect des engagements du 5 avril 2012 par mail : harkiset
* En signant le Manifeste pour le respect du 5 avril 2012 : harkiset
Liste des signataires du Manifeste : cliquez
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Pour signer le Manifeste pour le respect des engagements du 5 avril 2012 :
Pour faire partie de la liste des signataires du manifeste, rien de plus simple.
Adressez un mail accompagné de cette phrase : "Je suis signataire du Manifeste"
Mail : harkiset
Manifeste pour le respect des engagements du 5 avril 2012 :