François BENREDJEM : "le 12 mai 1962, c'est une journée pour commémorer l'abandon des harkis"

02/06/2013 15:38

François BENREDJEM, président de l'association de défense des harkis ADAH dans le département de la Côte d'Or, était à Paris le 12 mai dernier. Ce jour-là,  à 18 heures dans le XIXème arrondissement et devant le mémorial des victimes de la Guerre d'Algérie, François BENREDJEM faisait partie des présidents d'associations de harkis qui avaient fait le déplacement à Paris pour commémorer le 12 mai 1962 comme la journée nationale de commémoration de l'abandon, du massacre des harkis et des conditions d'accueil dans des camps en France.

Dans un entretien accordé au quotidien LE BIEN PUBLIC le 2 juin 2013, le président de l'Association ADAH François BENREDJEM fait de oeuvre de pédagogie à destination des lecteurs du BIEN PUBLIC sur le sens de cette date : « Parce que c’est à cette date, en 1962, que Pierre Messmer, ministre des Armées, envoie au général Fourquet, commandant supérieur interarmées, basé à Alger, un télégramme lui demandant de sanctionner les officiers ayant pris sur eux d’évacuer des groupes de harkis depuis l’Algérie vers la métropole. Le même jour, Louis Joxe, ministre en charge des Affaires algériennes, adresse à Christian Fouchet, Haut-commissaire de la République en Algérie, une note qui va jusqu’à préconiser le renvoi en Algérie de “supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement".

Il y a fort à parier que l'année prochaine, le 12 mai 1962 sera commémoré aux quatre coins de la France et notamment en Côte d'Or.

Le quotidien LE BIEN PUBLIC a également donné la parole à Claude KAYSER, un ancien chef de SAS, qui a dirigé une harka durant la Guerre d'Algérie et qui vit désormais sa retraite en Côte d'Or : « Le problème des harkis ? Une farce indécente préparée par certains de nos hommes politiques » déclare-t-il d'emblée. Claude KAYSER avait fait le choix à l'époque de désorbéir aux ordres et de rapatrier sa harka et en France : "Je n’ai pas hésité longtemps, quinze jours ou trois semaines au maximum. Mais je ne pouvais pas abandonner ces gens. Nous avions passé plusieurs années ensemble. Certains d’entre eux étaient brillants. Je savais qu’ils allaient se faire massacrer et la suite de l’Histoire m’a donné raison. Sur les 66 hommes à qui j’ai proposé un rapatriement en France en 1962, 39 ont choisi de rester en Algérie. Quand je suis retourné là-bas en 1987, j’ai appris que 10 avaient disparu et 29 avaient été exécutés".

Ce témoignage parle de lui-même. Commémorer l'abandon, le massacre des harkis et les conditions d'accueil dans des camps en France est une nécessité si les héritiers de cette mémoire ne souhaitent pas que le drame des harkis rejoigne le domaine de grandes pages oubliée de l'Histoire de France.

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Le film de la commémoration du 12 mai 1962
à Paris dans le XIXème arrondissement