L'électorat des familles de harkis à la veille des éléctions municipales
La communauté harkie est trés présente à l'occasion des élections municipales des 23 et 30 mars 2014. Cette présence prend plusieurs formes.
La première forme de présence de l'électorat des familles de harkis à l'occasion de ces élections municipales, c'est que les familles de harkis vont prendre part au vote. Reste à savoir comment va s'exprimer cet électorat à l'occasion des deux tours de scrutin ?
Cet électorat devrait en toute logique exprimer son vote à la lumière du respect ou non des engagrements pris par le Président de la République.
Or, force est de constater qu'au cours deux premières années du quinquénnat, aucun des engagements pris le 5 avril 2012 par François HOLLANDE n'a été mis en oeuvre par le ministre délégué aux anciens combattants Kader ARIF. Aussi, les initiatives maladroites prises ces derniers temps par le ministre Kader ARIF de convoquer quelques responsables d'associations à Paris pour des réunions sans issues sérieuses ont semé le trouble.
Pour contenir les maladresses du ministre, les pouvoirs publics se sont mobilisés ces derniers jours auprés de Boaza GASMI, président Comité national de liaison des harkis et ancien gréviste de la faim en septembre et octobre 2013. Ce dernier a été reçu ces derniers jours par le préfet du Lot-et-Garonne et par les parlementaires du sud-ouest. Enfin, directeur de cabinet de Kader ARIF, Monsieur Luis VASSY s'est entretenu très récement par téléphone avec Boaza GASMI afin d'étudier les bases de travail nécessaire et préalable à une rencontre entre François HOLLANDE et une délégation amenée par Boaza GASMI. C'est à ni rien comprendre quand on lit les communiqués diffusés ici ou là au sujet d'un G12 aprés de Kader ARIF.
Cette situation politique dans laquelle a été plongé l'électorat des familles à la veille du premier tour des élections municipales n'augure rien de bon.
Les responsables politiques locaux ayant pris la mesure du désastre politique engendré par l'action engagée au niveau national à destination des familles de harkis au cours des dernières années, plusieurs têtes de liste aux élections municipales ont souhaité limiter (les têtes de listes de gauche) ou profiter (têtes de liste de droite) des effets de ce désastre politique national initié par le ministre délégué aux anciens combattants. Ainsi, plusieurs enfants de harkis ont pu trouver un espace politique pour s'engager comme candidats aux élections municipales dans des localités où les familles de harkis constituent localement une composante importante de l'électorat.
En ce sens, sur une ville aussi symbolique que Bias dans le Lot-et-Garonne, le fils de harki natif du camp de Bias Réné Aït-Chalal figure en septième position sur liste qui affrontera la majorité municipale sortante à l'occasion des deux tours de scrutin. Toujours en Lot-et-Garonne, à Agen, notre amie conseillère municipale déléguée sortante et conseillère générale suppléante Baya KERKACH est candidate à un nouveau mandat sur la liste du maire UDI d'Agen Jean Dionis du Séjour. A Villeneuve-sur-Lot, sur la liste dissente du maire sortant Patrick CASSANY et successeur de Jérôme CAHUZAC, on retrouve un fils de harki en bonne position sur la liste conduite Jean-Paul CAUBET et Alain SOUBIRAN, ce dernier étant conseiller général et ancien adjoint aux finances de Jérôme Cahuzac. Mohamed BIJOU est en position éligible sur la liste dissidente au maire sortant de Villeneuve-sur-Lot.
Dans l'Est de la France, à Reims, le fils de harki et médecin Ali AISSAOUI, ancien conseiller municipal socialiste de Reims, s'engage pour ce scrutin, non pas sur la liste de la socialiste Adeline AZAN, mais sur la liste amenée par le Front de Gauche. Plus à l'Est de la France, à Strasbourg, la fille de harkis et psychologue Djamila AZROU s'engage aux côtés de la tête de liste UMP Fabienne KELLER.
Dans d'autres endroits de France, des enfants de harkis sont candidats, non sans difficultés, pour assumer le mandat de premier magistrat de la ville.
Ainsi, à Carcassonne, Jeannette DRISS s'est engagée dès le mois de septembre 2013 dans la primaire socialiste avec l'espoir d'être désignée tête de liste aux élections municipales à Carcassonne. Aprés une bataille sans merci avec le député-maire PS de Carcassonne, la fille de harki Jeannette DRISS a été contrainte de s'incliner avant de devoir assigner en justice devant le TGI de Paris le député-maire de Carcassone pour des propos faisant allusion à sa qualité d'enfant de harki. Des propos qu'il aurait tenu le 25 septembre 2013, un jour symbolique dans la mesure où un hommage national est rendu ce jour-là aux harkis. Depuis, elle a été exclue du PS. Aujourd'hui, Jeannette DRISS est candidate dissidente sur la liste amenée par Gérard LARRAT.
A Argenteuil dans le Val-d'Oise, l'argenteuillais et responsable associatif Salah BELLOUTI, après avoir un temps envisagé de s'engager aux côtés du candidat UMP Georges MOTHRON, s'est finalement engagé dans la conquête de la ville d'Argenteuil en tant qu'indépendant à la tête d'une liste de large rassemblement pour une nouvelle et bonne gestion de la ville d'Argenteuil.
Dans le sud de la France, plus précisément dans le Gard, un sénario similaire à Argenteuil s'est produit. Faute d'avoir obtenu l'investiture de l'UMP, Nadia EL OKKI, première adjointe au maire sortant de droite de Saint-Martin de Valgalgues, s'engage dans ces élections municipales en tant que tête de liste dissidente. Dur, dur... le combat politique.
On savait que l'engagement politique n'est pas un des engagements les plus simples. Cela se confirme lorsque l'on regarde l'engagement de ces enfants de harkis à l'occasion de ces éléctions municipale.
Mais la fin de l'histoire appartient toujours aux électeurs. Alors les 23 et 30 mars 2014, l'électorat des familles va pouvoir enfin juger la politique qu'il subit depuis deux ans à l'occasion ces éléctions municipales.