Le drame des harkis : un Aparthied à la française ?

26/01/2015 01:36

En usant dernièrement du mot "Aparthied"  pour dire qu'il existe en France des situations d'Aparthied, le Premier ministre Manuel VALLS a ouvert un débat sur les réalités vécues en France et qui pourraient être assimilées à une politique d'Aparthied.

Au sein de la communauté harkie, le terme "Aparthied" ne semble guère faire de doute. Pour François BENREDJEM, président de l'Association pour la défense et l'avenir des harkis, déclare dans un communiqué qu"en France, les soldats Harkis, et leurs descendants ont subi ce régime durant de nombreuses années dans les camps où ils ont été relégués. Et les séquelles de cette injustice se font encore sentir aujourd'hui. Alors, pour paraphraser Manuel Valls, on pourrait très justement dire : les émeutes des enfants de Harkis dans ces camps, qui aujourd'hui s'en rappelle ? Il s'agissait bien d'un "apartheid territorial, social, ethnique" imposé par notre pays. Ce terme trouve ici tout son sens". 

Pour les responsables d'associations de harkis du sud-est de la France, ils affirment à France 3 que si "Manuel Valls a évoqué un apartheid (des quartiers défavorisés), nous affirmons que les harkis, leurs épouses leurs descendants ont subi l'apartheid bien auparavant et leurs séquelles se font toujours ressentir".

Il convient de noter que le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a jugé la politique d'internement des familles de harkis mise en oeuvre par l'Etat français au milieu des années 60 a été jugé le 10 juillet dernier en ces termes : "qu'il apparaît que très vite les familles des harkis ont connu des conditions de vie difficiles en raison notamment d'importantes contraintes matérielles ; que les différents témoignages concernant le camp de Bias décrivent tous une situation très dégradée ; qu'ainsi, l'ancien délégué interministériel aux rapatriés, Guy Forzy, souligne, plus généralement, que les camps d’accueil « sont des camps militaires très sévères avec un couvre-feu à 22 heures. Les enfants ne sont pas scolarisés dans les écoles du village » cité in « Rapport du conseil économique et social intitulé la situation sociale des enfants de Harkis » de Mme Hafida Chabi, 2007, p. 34 ; qu'en outre, l’administration contrôle également le courrier et les colis qui sont ouverts et que si des prestations sociales sont accordées aux familles, elles ne leur sont pas directement versées mais le ministère des rapatriés les réaffecte au financement de dépenses de fonctionnement des camps ; que les conditions de vie difficiles des familles installées au sein des camps ont également eu des conséquences sur l’état physique et moral des personnes ; qu'au regard de ce qui précède, ces faits n’étant au demeurant ni contestés ni contredits par les pièces du dossier, il est constant que le rapatriement des harkis qui s'est opéré dans l’urgence a conduit à des conditions d’accueil en France très dégradées, sans rapport avec les besoins et les attentes des familles ainsi qu'à de nombreuses restrictions à leurs libertés individuelles ; que si ces conditions de vie difficiles peuvent trouver une explication sur le court terme en raison de l'arrivée massive de rapatriés alors que les autorités françaises n'avaient pas planifié un tel flux migratoire et les problèmes de sécurité subséquents, une telle situation n’a pu se prolonger à moyen et long terme pendant plusieurs années sans considérer qu’il a ainsi été porté atteinte au principe du respect de la dignité humaine garanti notamment par la Déclaration des droits de l'homme et des citoyens et les stipulations de l’article 3 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ; que cette situation est également constitutive de fautes engageant la responsabilité de l’Etat dès lors qu’elle révèle un manquement de l’Etat aux droits fondamentaux et libertés fondamentales issus tant des textes de droit interne que de droit international, ce qui est le cas de la liberté individuelle d’aller et venir protégée par les articles 2 et 7 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et par l’article 66 de la Constitution du 4 octobre 1958, du respect de la vie privée protégé par l’article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et par l’article 9 du code civil, du secret des correspondances actuellement protégé par les articles L 3-2 et L 32-3 du code des postes et des télécommunications électroniques ; qu’au regard des conditions de la scolarité des enfants de harkis dans ces camps, le principe d’égal accès aux services publics de l’enseignement a été également méconnu ".

Le jugement de la Justice est très clair. Aujourd'hui, après la reconnaissance officielle par la Justice française de la responsabilité de la France dans l'ensemble des facettes du drame des harkis, le temps de réparation est venu.

Alors, tous derrière l'Appel de Toulouse. Signez l'Appel pour une grande loi de réparation en faveur des harkis et de leurs enfants !

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Pour signer

l'Appel de Toulouse :

 

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Revoir le rassemblement des associations de harkis à Toulouse le 20 septembre 2014 :  cliquez

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Le texte de l'Appel de Toulouse des associations de harkis pour une grande loi de réparation en faveur des harkis et de leurs enfants :

 

 

 

 

 

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Le jugement rendu le 10 juillet 2014 par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise :