Table Ronde : Quelques réflexions sur la question des harkis

04/09/2016 19:36

 

Par Chérif Lounès

 

 

Depuis 1962, la communauté des français musulmans rapatriés et harkis a le plus grand mal à se stabiliser et elle est traversée par de multiples doutes. Les politiques misent en place depuis son arrivée en France n'ont pas apporté de réponses aux justes attentes et beaucoup se sentent désabusés par des promesses politiques jamais respectées. 

 

Sur le plan politique :

Avec l’élection de M. Hollande nombreux avaient espéré qu’il allait intervenir dès le départ de son mandat présidentiel pour demander au Parlement d’adopter la reconnaissance du drame harkis objet d'une promesse écrite qu’il avait faite le 5 avril 2012 avant son élection

Pour l’instant, cette  reconnaissance n’est toujours pas à l’ordre du jour. Auparavant c’est M. Sarkozy qui avait fait la même promesse mais sans résultat. Les familles harkis sont toujours en attente de justice.

 

Sur le plan de l’enseignement et de la mémoire

Autre souhait c’est de voir aussi les universités s'intéresser à l’étude de ce passé

Si ce travail de recherche est entrepris, il inciterait à ce que soit engagé un programme d'enseignement scolaire de cette histoire et que soit mis en œuvre la préservation de la mémoire des anciens par des écrits, des films, des documentaires et ce qui est immédiat l’inventaire et le classement en sites historiques des lieux d’accueil véritables camps d’internement. 

Une équipe de travail pourrait voir le jour en lien avec de nombreux ministères de l'Education Nationale, de la Culture, de l'Agriculture (Onef), de La Défense, de la Justice et autres institutions. 

 

La loi de reconnaissance du drame des harkis

La communauté des harkis demande que soit entrepris une démarche de reconnaissance par la Nation de l’Histoire des français musulmans rapatriés et harkis dans un respect de solidarité et de concorde. Une telle entreprise permettrait de donner une place définitive et reconnue aux femmes et aux hommes rapatriés et à leurs familles

 

Une communauté toujours en attente de mesures concrètes

Aujourd’hui, beaucoup témoignent de leur profonde déception et de leur grande affliction sans se renier alors qu’ils ont mis toute leur confiance dans les politiques annoncées en faveur des harkis et des rapatriés mais jamais totalement actées. La politique mise en place en 2014 avec le "groupe des 12" sous l’ancien secrétaire d’Etat M.Kader Arif n'a pas apporté les réponses attenduesCe groupe n'a pas oeuvré à des projets solides, sérieux et ses propositions minimalistes sont de peu d’effet et ont révélé aussi un manque criant de communication en direction des concernés.

 

Le travail reste à faire

Il est fort souhaitable que des personnes intègres et compétentes travaillent efficacement sur les difficultés qui entravent actuellement l’évolution vers le meilleur de cette communauté. Il existe un fort désir de voir ce travail aboutir afin d'œuvrer dans la concertation et de répondre enfin aux attentes des français musulmans rapatriés et harkis.

 

Le devoir de reconnaissance

La République s’honorerait en reconnaissant la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon et le massacre des harkis après le cessez feu en Algérie du 19 mars 1962.  Cette date marque l'abandon et le désarmement des harkis soldats supplétifs de l’armée française qui vont ensuite être lâchement massacrés par dizaines de milliers (150000 morts selon un document de l’état major/ voir article de Chérif Lounès sur médiapart:  12 mai 1962, l’abandon des harkis). Les rescapés et leurs familles furent accueillis de nuit dans des lieux inadaptés appelés camps de transit.

 

C’est là une terrible tragédie dans l’Histoire de France.

 

Chérif LOUNES

 

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